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partent les exprés, attendu que le G'al Washington passe presque tout son tems à voir les progrés de nos ouvrages.

La premiere parallele s'est ouverte sans perte aucune, et nous avons établi un bon nombre de bouches à feu en batteries; une bombe a brûlé le Charon et quelques autres bombes ont brûlé des batiments de transport; la nuit derniere on a ouvert sans plus de perte la seconde parallele, et nos nouvelles batteries auquelles on va commencer de travailler aujourd'huy battront les ouvrages de maniere à les mettre bientôt en très mauvais etat.

Lord Cornwallis tire peu, et paroit manquer de gros canons, peut etre même de poudre; il se reservera donc pour le tems ou nous serons plus prés de lui; quelques personnes parmi lesquelles j'ai l'Honneur d'etre ne croient pas impossible qu'il ne finisse par passer à Glocester pour prolonger de quelques jours, mais si comme il l'a dit il veut attendre l'assaut, il le recevra probablement à York; dans tous les cas, ses moyens et ses ouvrages sont trop foibles pour que ses talents et sa bravoure l'empêchent d'etre à nous avant le mois de Novembre.

On est impatient, et on crie apres les ingenieurs; les troupes des deux Nations s'ennuient de la lenteur des approches, et l'on demande d'abreger en emportant tel et tel point l'épée à la main, mais le general qui voit son succés assuré, est decidé a menager le sang de ses troupes; on n'emploiera la vive force qu'en cas de necessité; et alors je crois que nos attaques seront Brillantes.

Il y a une petite attaque à la droite des ennemis qu'on a donné au Rgt. de Tourraine; les douze autres bataillons francais montent avec les Americains; il y a un Marechal de Camp et un Major general chaque jour; le plus ancien commande, et d'aprés cela vous verrés, monsieur le chevalier, que je finis fort agreablement ma campagne.

Il y [a] toujours trois vaisseaux au bas de la Riviere; j'espere qu'on va se decider à les faire remonter au dessus d'York; on ne craint aucunement les batteries, mais on est inquiet sur les brûlots. C'est un grand point pour nous d'avoir les vaisseaux, et j'espere qu'avec des precautions la Marine se mettra hors de danger contre ses brulots; s'il le faut même, nous pourrons bientôt brûler les transports.

Adieu, monsieur le chevalier, mille compliments à Mr. de Marbois; vous connoissés mon tendre attachement.

Nos tués et blessés ne passent gueres la trentaine, tant français qu'americains.

LIX.

CAMP DEVANT YORK ce 16 octobre 1781114

Voilà notra seconde parallele bien etablie, Monsieur le chevalier, et dans cinq ou six jours les ouvrages de la place ne laisseront pas que d'etre passablement molestés; la soirée d'avant hier a été fort agreable; les ennemis avoient deux redoutes assés detachées, mais fortes qui nous convenoient parfaitement; on a formé deux attaques, celle de droite par l'infanterie legere Americaine, celle de gauche par des grenadiers et chasseurs français; vous sentés que le cœur me battoit pour la reputation de mon infanterie legere; le Baron de Viomenil avec la colonne française a fait enlever la redoute la baïonnette au bout du fusil; l'attaque des Americains n'a pas été moins prompte; ils n'avoient pas un fusil chargé, et se sont conduit egalement bien; de façon que chaque parti n'a 114 Fols. 268-268 v. A. L.

eu que des compliments à se faire, et la même nuit nous avons appuié notre seconde parallele à la redoute des americains qui est sur la Riviere; Cette petite attaque nous epargne plusieurs jours, et donne à nos batteries les plus grands avantages.

Les troupes francaises qui ont été destinées à monter dans leur redoute etoient commandées par le Comte Guillaume des Deux Ponts; il a été blessé legerement à la fin de l'attaque; le C'l de Lameth115 est blessé plus grievement; le Bataillon de Gimat marchoit le premier de notre coté; il a été blessé au pied mais point d'os cassé; Hamilton et Laurens etoient les deux autres Colonels du parti attaquant, et ces trois chefs se sont conduit brillament; nous nous etions promis de rendre l'affaire de New london; 11 116 mais l'humanité de nos soldats leur a fait oublier leurs menaces, et le Major Campbell ainsi que tous ceux qui ne se sont pas echappés ont été mieux traités qu'ils ne meritoient. Les francais ont eu environ 70 tués ou blessés, et nous une quarantaine parmi lesquels plusieurs officiers blessés.

Je m'etends sur cette petite affaire; non pour sa valeur intrinseque, mais parceque j'en mets une grande à ce que ces deux attaques faites au même instant quoique separées aient reussi de maniere à bien etablir l'estime mutuelle, et je sais que cette circonstance vous fera grand plaisir.

Les ennemis ont fait cette nuit une sortie peu considerable; tout ce que j'en sais est qu'il y a une fausse attaque sur les Americains, une vraie sur les français, quelques tués et pris de part et d'autre; on dit quelques canons encloués; les grenadiers de reserve sont arrivés, et les ennemis ont été repoussés; voilà ce qu'on m'a dit comme j'arrivois à la premiere parallele avec les premieres troupes que j'avois rassemblées du Camp, et je suis revenu pour griffoner mon petit bulletin; il part dit-on un exprés; je n'ai pas le tems d'aller au q'er g'al parceque je suis aujrd. de tranchée. Adieu.

Mille complimt. à Mr. de Marbois.

LX.

A BORD DE L'ALLIANCE ce 22 decembre 1781117

Ce soir ou demain, Monsieur le chevalier, et dans vingt jours nous arrivons en France; je suis sûr d'avoir vos bonnes prieres, et en revanche j'espere vous envoier de bonnes nouvelles; il n'y en a point à Boston qui vous puisse interesser; je m'etois proposé de deviner Mr. Temple,118 mais il est si bon, qu'il a pris beaucoup de peine pour m'en eviter; c'est un ennemi, mais il n'est pas dangereux; au lieu de le combattre, il faudroit le chasser; on l'a mis dans les mains de l'attorney general, et son procés va se faire; mais peutetre la lettre de la loi le sauvera, et d'ailleurs je serois fâché qu'on le pendit, parcequ'il n'en vaut pas la 115 Charles Malo, Comte de Lameth, wounded in both legs in the assault. 116 The "affaire de New London" was the attack by Arnold on New London and Groton, on September 6. See Trumbull to Washington, September 15, in Sparks, Letters to Washington, III. 403. This passage is interesting in view of the charge, later made, that Lafayette ordered that no quarter should be given. 117 Fols. 270-271 V. A. L.

118 Sir John Temple, son-in-law of James Bowdoin. For the suspicions entertained respecting his visiting America at this time, see Journals of the Continental Congress, Feb. 27, 1782, and letter of John Adams in Wharton, IV. 638.

peine, et que je respecte son beau pere. Mon avis est qu'on le traite comme prisonnier anglais, et que le Congrés decide de son sort. Ce n'est pas ce qui peut lui arriver de plus heureux, mais c'est ce qu'il y auroit de plus sûr et de plus impartial. Vous savés combien j'aime Boston, et ce n'est jamais sans quelque regret que je le quitte; Mr. d'Etombes119 y a été fort honnête, mais (entre nous) j'ai peur que vis a vis le pouvoir civil, ou les francais de Boston, il n'estime un peu trop les prerogatives consulaires. Comme c'est un excellent homme, si mon soupcon etoit juste, il ne seroit besoin que de les lui expliquer.

Presentés, je vous prie, mes hommages à toutes vos amies; je vous souhaitte une continuation de succés dans les negociations dont M. de la Touche vous a chargé; j'espere qu'à son arrivée il aura trouvé l'affaire faite.

Adieu, Monsieur le chevalier, agrées les assurances de mon amitié; elle est bien sincere, bien tendre et ne finira qu'avec ma vie. Mandés leur bien de nous donner de l'argeant.

Nous mettons à la voile, Monsieur le chevalier, et avant de partir je veux vous dire que M. le Consul de france est venu hier me parler de son affaire; il me paroit que le malheureux est tourmenté par une cabale de français qui peutêtre lui savent mauvais gré de les empêcher de voler; Mr. d'Etombes est un fort honnête homme et j'aurois voulu lui donner des conseils; mais ne connoissant rien à ses droits, ni au fond de l'affaire, j'ai fort approuvé qu'il n'allat pas en avant sans vos ordres, et qu'il consultat pour sa future conduite deux avocats et surtout le docteur Cooper;120 il me paroit bien interessant que tout le monde s'entende sur la portée des prerogatives, mais je crois que le pauvre Mr. d'Etombes prend la chose plus serieusement qu'elle n'en vaut la peine; Mr. Hancock vous ecrira peutêtre a private letter et je l'ai approuvé en cela, pour que vous sachiés ce que pense le pouvoir civil. Adieu, Monsieur le chevalier, je vous embrasse de tout mon coeur.

LXI.

PARIS ce 12 avril 1782121

C'est un convoy qui part, Monsieur le Chevalier, et c'est Mr. de Segur qui vous remettra cette lettre; voilà deux raisons pour qu'il soit inutile de vous mander des nouvelles, mais j'en trouve beaucoup davantage pour me rappeler à votre amitié, et vous dire combien je souhaitte nous embrasser à Philadelphie. Si je n'etois retenu par les affaires de l'amerique, je me reprocherois de ne pas retourner par la premiere occasion; mais dans la situation et dans l'incertitude actuelle, je crois etre moins inutile à notre cause en restant en Europe qu'en retournant dans le Nouveau Monde; je vous envoie, Monsieur le chevalier, une lettre de Mde. de Cassini dont l'affaire nous est fort recommandée par M. de Maillebois; mille tendres compliments je vous prie à Mr. de Marbois; Rappelés moi au souvenir de nos amis et Amies, et faites mention de moi à la famille en dejeuner assemblée; adieu, Monsieur le chevalier, je merite l'amitié dont vous m'honorés par celle que mon cœur vous a vouée pour la vie.

119 Létombe, consul at Boston.
120 Probably Dr. Samuel Cooper.
121 Fols. 272-272 V. A. L.

REVIEWS OF BOOKS

BOOKS OF ANCIENT HISTORY

Les Juifs dans l'Empire Romain: leur Condition Juridique, Économique, Sociale. Par JEAN JUSTER, Docteur en Droit, Avocat à la Cour d'Appel de Paris. In two volumes. (Paris: Paul Geuthner. 1914. Pp. xviii, 510; viii, 338.)

THE magnitude of the task which the author has undertaken in an investigation of the legal, economic, and social condition of the Jews in the Roman Empire down to the reign of Justinian can be appreciated only by those who from investigations of their own in this field know something of the complexity of the problems, the nature of the sources, and the immense and scattered special literature. On a part of the ground he had as a precursor the learned work of Emil Schürer, Geschichte des Jüdischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi (fourth ed., 1901-1909); but for the whole period and for the side of the history which Juster makes the main end of his research he has no predecessor, and even where he is on the same ground with Schürer he approaches the problems from an entirely different point of view.

The first thing to be said, then, is that we have before us a work of vast erudition and of prodigious labor. The sources are mustered to the last scrap of papyrus from an Egyptian dust-heap. The bibliography professes completeness only on points that have been insufficiently studied, for the rest a critical selection; but the selection is so ample a collection that it would be hard to find anything of consequence to add to it. What is more, it is evident on every page that the author has made use of a great part of the literature whose titles he registers. He brings to his enterprise other qualifications than laborious erudition: an advocate at the bar of the court of appeals in Paris, he is learned in Roman law by profession, and has at the same time a knowledge of Jewish law derived from Talmudic studies; it is this indeed that gives especial value to his study of a subject which has hitherto been investigated almost solely by theologians.

An introduction on a large scale (pp. 1–212) deals with the sourcesliterary (Jewish, pagan, and Christian), monumental (numismatic, epigraphic, papyri), and juridical-concluding with an excursus on the distribution of the Jews in the empire and their numbers. Under the head of juridical sources there is a thorough discussion of the documents (decrees of the senate, edicts of emperors and provincial officials, referring to the Jews) preserved by Josephus, over the genuineness of some of which and the date of others there has been much controversy; a table on pages 158-159 arranges them in their probable chronological order. The laws concerning the Jews in the jurisconsults and the codes are also enumerated and chronologically ordered (pp. 160 ff.). The

excursus on the Diaspora exhibits the most complete list it is possible to make of the places in the several provinces in which the residence of Jews is attested by authors, inscriptions, or papyri; the evidence itself is given in full at the foot of the page. Of the whole number of Jews in the empire in any century of this period only very uncertain estimates can be made, as Juster is perfectly aware. He is inclined to put the figures, say under Tiberius, at six or seven millions, and at about the same for the beginning of the second century before the decimating wars under Trajan and Hadrian. In this estimate, which is considerably higher than most, he seems not to apply a sufficiently high divisor to the incredible numbers of Josephus, who assembles three million pilgrims in Jerusalem at the Passover and claims for Galilee two hundred cities of above 15,000 population. In allowing Palestine alone more than five million inhabitants Juster is probably giving it much more than its proportion even of his own excessive total, and an impossibly dense population.

Coming then to the body of the work, after a preliminary discussion of the peculiar privileges accorded to the Jews in the exercise of their religion, the reasons for these concessions, and their history, the author takes up the general subject of the legal position of the Jewish communities in the dispersion and of their religion, the policy of the state toward them under the pagan emperors, and the changes in this policy after Constantine. The legislation about Jewish propaganda, conversions to Judaism, circumcision, and—after the church came to control the religious policy of the state-the laws against participation of others than Jews in Jewish worship and festivals, are fully treated. An excursus of some length (pp. 290-337) is devoted to the rival missionary enterprises of Jews and Christians, and particularly to the large Jewish influence-partly imitation, partly antipathy-upon Christian catechesis, creed, and liturgy. The matter is not strictly pertinent, and takes us somewhat far afield into the history and literature of creeds and rites. The author has evidently been much interested in this digression, in which the extent and significance of Jewish influence are, however, much exaggerated.

Returning to the subject with the protection given by the state to Jewish worship, the exemption of the Jews from the worship of the emperors, or, as Juster prefers to put it, the forms of worship they were allowed to substitute for it, claims attention. In this matter the Jews had what we might call the vested rights of a national religion, while the Christians, when they refused to offer sacrifice or burn incense to the ruler, had none. Various other privileges and immunities are enumerated, such as not being cited to appear in court on Sabbaths and festivals, exemption from military service, and the like. The central organization of the Jews in the empire with its head, the patriarch, and his subordinates; the local organization; the Jewish community as a legal person. and its rights, its officers, and institutions fill the rest of the first volume.

The second volume deals with the status of the individual Jew in pri

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